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Qu’est-ce la (ARMH)

Qu’est-ce que l’Association pour la Récupération de la Mémoire Historique (ARMH) 2000-2012

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1. BREF RAPPEL HISTORIQUE

L’Association pour la Récupération de la Mémoire Historique (ARMH) est née suite à l’exhumation d’une fosse commune dans laquelle se trouvaient les restes de 13 civils républicains assassinés par un groupe de tueurs phalangistes le 16 octobre 1936. L’exhumation a eu lieu dans le village de Priaranza del Bierzo, au mois d’octobre 2000. De nombreuses personnes se sont rendues au lieu de l’excavation pour demander de l’aide pour la recherche de disparus. Et avec un groupe de quelques personnes, nous avons décidé de créer l’association pour leur apporter cette aide.

Depuis, avec la collaboration de nombreuses personnes, nous avons pu aider des dizaines de familles à récupérer les restes de leurs êtres chéris, et des centaines d’autres à connaître le destin qu’ont connu leurs proches. C’est ce que la démocratie n’avait pas fait pour eux jusqu’alors, une démocratie qui, après la mort de Franco, a construit une transition fondée sur l’oubli, consolidé par la Loi d’Amnistie approuvée en octobre 1977 avec les votes de la gauche majoritaire à la Chambre des Députés. Cette loi stipule dans son Article 2.f que sont inclus dans l’amnistie « les délits commis par les fonctionnaires et agents de l’ordre public contre l’exercice des droits des personnes ». De cette manière, tout délit ou violation des droits de l’homme commis avant le 15 décembre 1976 était déclaré impuni.

Pour toutes ces raisons, nous œuvrons depuis 2000 pour rendre la dignité à notre passé, réclamer la justice pour ceux qui l’ont méritée et ne l’ont pas eue, et renforcer notre démocratie.

Les disparus espagnols à l’ONU

Depuis le début nous avons compris que notre travail était lié à la défense des droits de l’homme et nous avons consulté les avocats qui s’occupaient à l’Audiencia Nacional (la plus haute instance judiciaire espagnole) des cas de disparitions au Chili, en Argentine et au Guatemala. Au printemps 2002 nous avons entamé les procédures auprès du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, afin qu’il exige au gouvernement espagnol l’application de la législation internationale concernant la disparition forcée. Notre démarche a permis qu’en 2003 l’Espagne apparaisse pour la première fois dans le rapport du Groupe de Travail sur la Disparition Forcée de l’ONU.

Depuis, nous avons réalisé des dizaines d’exhumations de fosses communes. Mais nous avons également réussi à inscrire les questions relatives à la mémoire historique à l’agenda politique ; notamment pour que le 20 novembre 2002 la Commission Constitutionnelle de la Chambre des Députés condamne à l’unanimité le coup d’état franquiste.

2 CAS DE DISPARITIONS FORCÉES EN ESPAGNE

Suite à la répercussion médiatique qu’a eue l’exhumation de Priaranza del Bierzo (León), les responsables du travail ont reçu des centaines de lettres, d’appels et de mails. Dans ces circonstances, et vu le nombre de cas d’assassinats extrajudiciaires et de disparitions qui arrivaient de tout le pays et suivant toujours la même logique : enlèvement – assassinat – disparition. La décision est prise pour la première fois en Espagne de créer une Association civile qui centralise tous ces cas et qui tente d’apporter quelques réponses à certaines questions auxquelles l’Etat n’a jamais répondu. Depuis que l’ARMH s’est enregistrée auprès du Ministère de l’Intérieur en décembre 2000, nous travaillons à la constitution de la plus importante base de données répertoriant les histoires des disparus de toute l’Espagne. Les chiffres :

1. Demandes formelles, modèle de la fiche du Groupe de Travail sur les Disparitions forcées de l’ONU : 1.300 CAS. Tous parfaitement documentés, c’est-à-dire avec les documents légaux de naissance, de mariage, de service militaire, etc… Il s’agit de demandes de recherche devant le Haut-Commissariat des Nations Unies. Les dates de disparition recouvrent la période allant du coup d’état du 18 juillet 1936 jusqu’à l’année moins éloignée de 1959, au cours de laquelle un homme est fusillé dans le Cimetière de la Almudena (Madrid) et supposément enterré dans une fosse commune de ce même cimetière, ce qui n’a toujours pas été confirmé.

1 Base de données des cas de disparition forcée de l’ARMH et fiches modèle ONU.

2. Lettres manuscrites : Près de 200 cas. Il s’agit de lettes écrites par des parents des disparus dans lesquelles ils racontent leur histoire personnelle et demandent à être écoutés par quelqu’un. Dans notre Association, ils ont trouvé des personnes qui ont su comprendre leur problème et qui, 70 ans après, ont entrepris de retrouver leur parent disparu.

2 Lettres reçues concernant des disparitions et informations de différents types.

3. Mails : Depuis 2000, nous avons reçu plus de 15.000 mails de parents réclamant un disparu, et également des informations provenant de centaines de villages espagnols nous faisant part de l’existence d’une fosse commune. Le travail de l’ARMH est de relier ces informations et d’arriver à donner un nom aux personnes enterrées dans les centaines de fosses communes de notre pays. Grâce à ces informations, nous avons répertorié plus de 400 fosses communes réparties à travers tout l’état espagnol. Nombre de ces fosses communes attendent d’être exhumées et d’autres qui, pour diverses raisons, ont été détruites.

4. Centre d’attention aux victimes : Depuis mars 2009, notre organisation possède une agence d’accueil aux victimes à Madrid. Cette initiative, pionnière en Espagne, a permis que des centaines de personnes disposent d’un lieu physique où ils puissent faire connaître leur cas et commencer, aidés par un groupe de travail, les démarches nécessaires à la recherche et à la récupération de leurs parents disparus, ou à la recherche de documents pour une réparation morale d’ex-prisonniers politiques.

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3 ORGANISATION DE L’EQUIPE DE TRAVAIL A L’ARMH

La forme organisationnelle de l’ARMH est basée sur la gestion du travail volontaire de plus de 5.000 personnes qui nous ont contactés depuis 2000. Il s’agit de familles de victimes, de professionnels de diverses disciplines (archéologie, anthropologie, historiens, documentaristes,…), d’étudiants. En résumé, des personnes conscientes du désengagement manifeste de la part des différents gouvernements espagnols concernant ses engagements en matière de Droits de l’Homme. L’oubli institutionnel par les différents gouvernements depuis la transition espagnole a réveillé la conscience de milliers de volontaires venus de tous pays. Un des évènements les plus marquants pour notre Association est le Chantier International de Travail réalisé pendant l’été 2002 pour l’ouverture de 4 fosses communes dans la région léonaise du Bierzo, et qui a réuni plus de 20 volontaires de plusieurs pays du monde.

 

La gestion de ce volume de capital humain a permis à l’ARMH d’exhumer depuis 2000 plus de 150 fosses à travers tout le pays, dans lesquelles étaient enterrées plus de 1.400 victimes de la dictature franquiste, qui ont pu être identifiées et restituées à leurs familles lors d’un hommage institutionnel que ces personnes méritaient et qui leur avait été nié depuis tant d’années.

 

4 FINANCEMENT DES ACTIVITÉS DE L’ARMH

 

L’ARMH est une Organisation non Gouvernementale à but non lucratif. En tant qu’association légalement constituée, chaque membre règle sa cotisation annuelle. Nous recevons aussi de petits dons volontaires de la part de personnes anonymes qui considèrent que notre Association réalise un travail louable et nous apportent leur soutien économique. Un des principes immuables de l’ARMH est que les familles des victimes n’aient à prendre en charge aucun des frais engagés par les travaux archéologiques. Même s’il est vrai qu’à de nombreuses occasions ils fournissent un logement et de la nourriture aux volontaires qui réalisent alors l’exhumation. Bien sûr, ce sont les familles elles-mêmes qui décident de ces conditions, et cela représente pour les volontaires une immense fierté de pouvoir partager ces jours difficiles, et que la relation dépasse le cadre professionnel et devienne humaine.

 

Entre 2007 et 2011, l’ARMH recevait chaque année une subvention qui oscillait entre 45.000 € et 60.000 € du Ministère de la Présidence pour des Activités en lien avec les Victimes de la Guerre Civile. Avec cette subvention, une partie des frais était financée pour un projet annuel de 10 exhumations à travers tout le pays. Ces aides ont été supprimées cette année. En réalité, ces subventions recouvraient 20% des frais engagés par les exhumations, les autres 80% étaient supportés par le travail volontaire de centaines de personnes.

 


5 ACTIVITÉS DE L’ARMH

Selon l’article 4 de ses statuts, les objectifs de l’ARMH sont les suivants:

 

  1. Collaborer à la création d’une grande Base de Données sur la Guerre Civile, qui préserve la mémoire historique.

  2. Développer l’étude et la diffusion de connaissances sur les victimes de la Guerre Civile.

  3. Promouvoir, stimuler et soutenir toutes les actions culturelles, dans son sens le plus large, qui aient un lien avec la mission et l’activité concernant la conservation, la divulgation et la recherche des archives générales de la Guerre Civile.

  4. La recherche, l’exhumation et l’identification des victimes de la guerre civile et de la répression franquiste.

  5. Promouvoir et coordonner les recherches dans ces domaines, et développer la collaboration avec toutes les entités nationales et étrangères qui s’occupent du thème même de l’Association.

  6. Servir de plateforme de rencontre et d’information entre les chercheurs, les organismes et entités nationales et étrangères en lien avec ce domaine d’étude.

  7. Réunir toutes les archives aussi bien sur leur support original que sur tout autre support qui les reproduise, dans une seule base de données dédiée à la recherche publique. À partir de la préservation et la garde des documents dans la Base de données mentionnée, les mécanismes régulés par les normes et les conventions pourront être établis pour qu’ils soient divulgués sur les supports établis manipulés dans les Centres de Documentation.

  8. L’Association pourra établir des accords de collaboration avec d’autres Associations nationales ou étrangères aux caractéristiques et aux objectifs similaires selon la forme qui aura été déterminée.

  9. La recherche des disparus et disparues victimes de la répression franquiste.

  10. La lutte pour la justice pour les victimes de la dictature franquiste, par tous les moyens permis par la Loi.

  11. Le travail de reconnaissance publique pour toutes les personnes qui ont construit notre première démocratie pendant la Seconde République, tout comme pour tous les hommes et femmes qui ont lutté contre la dictature et pour le rétablissement de la démocratie.

 

5.1 CLASSIFICATION DES CAS, RECHERCHE ET ARCHIVAGE DE DOCUMENTS

Depuis l’année 2000, toute information reçue par notre organisation a été pertinemment classifiée, numérisée et rassemblée dans plusieurs bases de données. Tels que les Cas de disparitions, les Actes de décès, les personnes ayant subi des représailles dans la province X, etc. Une fois reçue la réclamation familiale d’un disparu, la recherche commence par les différentes archives comme peuvent l’être les militaires, historiques, municipales, de l’Administration Publique, etc… Ces archives, consultées par des historiens, chercheurs et des familles, rendent compte de la terrible répression qui s’est abattue sur l’Espagne durant sept décennies.

Exemples de documentation trouvée:

 

3 Actes de décès, instruction militaire et notification de condamnations à mort.


4 Base de données de Cas reçus de disparitions forcées.

5 Base de données de personnes et leur numéro d’instruction militaire dans la Province de León.

5.2 EXHUMATION eT identification deS victimes de la guerre civilE ET de la répression franquiste

Le passage des années et la mort des témoins directs ayant vécu la répression fasciste rendent plus difficile le travail de recherche d’une fosse commune. Grâce aux habitants des villages, à l’analyse des archives et, dans certains cas, à l’information qu’ont obtenue les familles, la localisation d’un possible lieu d’inhumation ouvre une porte à l’espoir de récupérer des corps ensevelis depuis plus de 70 ans là où l’ont décidé ceux-là mêmes qui les ont assassinés.

Le désintérêt de la justice en Espagne et des gouvernements démocratiques qui ont dirigé ce pays n’a fait que priver les familles de la récupération de leurs disparus et contribuer, à son tour, à ce que la peur que le franquisme a incrustée dans leurs vies ne les ait pas quittées. Mais cette négligence a également influé sur l’ensemble du tissu social concerné par la localisation et l’exhumation des fosses communes. À tel point que, dans tous les villages où a travaillé l’ARMH, les habitants baissent la voix et regardent autour d’eux lorsqu’ils nous racontent l’histoire qu’ils connaissent; la peur n’a toujours pas quitté leurs yeux.

Tout cela rend plus difficile le travail de localisation des fosses. Leur recherche consiste en une prospection archéologique de toute la zone signalée par les témoignages en tant que possible lieu d’inhumation des corps; une fois apparus les premiers restes osseux, un périmètre d’intervention est ouvert et l’on procède à la découverte des squelettes, un travail minutieux qui doit être totalement documenté, aussi bien la position des squelettes que les objets qui apparaissent à leurs côtés. La principale difficulté réside dans la superposition des corps; quand ceux-ci étaient enterrés, en règle générale, un trou était creusé dans le sol et les victimes y étaient jetées sans aucune logique; la nécessité de les individualiser pour une identification postérieure correcte requiert une méthodologie archéologique stricte et extrêmement méticuleuse.

Il faut tenir compte du fait que les seules personnes qui voient et ont un contact avec le lieu du crime sont celles qui travaillent pendant l’ouverture d’une fosse. De là, l’importance de documenter chacune des étapes constituant l’exhumation des restes, afin que le rapport élaboré à la fin des travaux ait une validité juridique stricte. C’est pour cela qu’en outre, les fractures, les projectiles ou les orifices provoqués par ces derniers sur les os sont d’une importance essentielle pour déterminer et corroborer la cause de la mort de ces personnes. Pendant l’excavation, l’ARMH dénonce auprès du poste de la Guardia Civil le plus proche l’apparition de restes humains avec d’évidents signes de violence, dans l’unique but que la justice prenne en charge ces assassinats; en déclarant le non-lieu, les tribunaux espagnols perpétuent l’abandon des familles de victimes et laissent aux mains d’associations comme la nôtre le travail de récupération et d’identification des corps.

Notre Association peut compter sur des centaines de collaborateurs volontaires qui veulent investir leur temps libre dans l’aide désintéressée de ces familles; dans la majeure partie des cas, ces personnes ignorent totalement la méthodologie archéologique, ils sont donc toujours à l’écoute des explications et des recommandations de l’archéologue dirigeant l’exhumation, lequel contrôle de son côté l’avancée des travaux. Le travail humanitaire de ces volontaires permet d’apporter une réponse aux violations des droits de l’homme, chose que n’a pas faite la démocratie espagnole en plus de trente ans.

L’ouverture d’une fosse se constitue également d’un travail pédagogique intrinsèque. Nous voulons que chaque lieu dans lequel nous travaillons soit un espace public, un lieu de réunion pour les familles avec les habitants et les curieux. L’attention que leur porte à tous l’équipe archéologique leur permet de savoir de source directe en quoi consiste la récupération de la mémoire historique et quel est son but. Les psychologues qui ont travaillé avec nous au pied de la fosse coïncident sur l’importance de rendre publique l’ouverture d’une fosse; pour les familles, cela implique la récupération de leurs êtres chéris, et pour les habitants, le dénouement d’une histoire qu’ils ont entendue durant toute leur vie.

Les corps sont extraits de la fosse de manière individuelle, en disposant les os de chaque squelette dans une boîte comportant la nomenclature de la fosse et le numéro de l’individu pour son transport au laboratoire où il pourra alors être procédé à l’examen légiste qui nous aidera à identifier les victimes. Ce travail est également volontaire, et les anthropologues légistes se rendent au laboratoire de l’association dans le but d’aider, également de manière altruiste, au processus de récupération de la mémoire historique. Il faut souligner que ce n’est pas parce que le travail est volontaire qu’il n’est pas exhaustivement scientifique; nous avons la chance de pouvoir compter sur de prestigieux légistes espagnols et également étrangers voulant collaborer avec nous et contribuer, grâce à leurs connaissances, à donner un nom et un prénom aux victimes récupérées.

Dans les cas où cela s’avère nécessaire, l’Association sollicite des analyses ADN pour identifier les victimes. Ce travail consiste en l’extraction d’un fragment du fémur et deux molaires qui, avec la salive des membres de la famille, sont envoyés à un laboratoire génétique privé. C’est à ce moment que prend fin le travail

volontaire de l’Association, étant donné que ces laboratoires facturent leurs analyses. Ces frais, comme tous ceux générés par l’ouverture d’une fosse, sont couverts par notre association

, suivant notre principe selon lequel aucune famille ne doit prendre en charge les coûts de la recherche de leurs propres victimes. En effet, c’est à l’Etat que devrait revenir la charge

de la réparation des victimes, tout comme le fait de réparer la violation des droits de l’homme commis pendant la Guerre Civile Espagnole et la dictature franquiste.

Tout ce travail d’investigation historique, de recherche et d’exhumation de la fosse, et d’identification des corps est entrepris dans une seule finalité: la restitution des restes mortels à leurs familles.

YEAR

EXHUMATIONS

CONDUCTED

Nº of VICTIMS

2000

1

13

2001

1

4

2002

12

38

2003

30

238

2004

13

155

2005

10

72

2006

17

220

2007

13

314

2008

24

111

2009

13

80

2010

9

34

2011

6

34

2012

4

17

TOTAL

153

1330

5.3 RECONNAISSANCE PUBLIQUE DES VICTIMES, DIFFUSION ET DIVULGATION DE NOTRE TRAVAIL.

 

Dans les lignes constitutives de l’ARMH est établie la nécessité de rendre hommage à toutes les personnes qui ont été assassinées pendant le franquisme et qui ont été récupérées suite aux exhumations. L’oubli auquel ont été soumises les familles et les victimes pendant les 76 dernières années doit être réparé. C’est pour cette raison que les restitutions des restes mortuaires en présence des familles, des habitants et des volontaires sont des cérémonies nécessaires au cours desquelles est attendue la reconnaissance de la part des institutions civiles et politiques, bien que cela ne puisse pas toujours être le cas. Cette dette envers les familles et les victimes doit être réparée.

6 Cérémonies publiques de restitution des restes mortuaires aux familles.

La divulgation et la diffusion font également partie de nos objectifs principaux. Dans ce but, nous organisons et participons activement à des congrès, des journées et des cours dans de nombreuses universités espagnoles et étrangères.

Nous avons également voulu rendre hommage aux républicains et aux républicaines qui ont construit notre première démocratie pendant la Seconde République ; “rendre la dignité à ceux qui ne l’ont jamais perdue”. Dans ce sens, avec la Fondation Contamíname et la collaboration de la municipalité de Rovas Vaciamadrid, nous avons organisé le concert-hommage “La Récupération de la Mémoire”. Le 24 juin 2004, nous avons réuni 741 républicains et républicaines entourés de 25.000 personnes qui ont voulu leur rendre un hommage, chose qui n’avait pas été faite depuis la fin de la dictature franquiste.

Nous disposons aussi de deux expositions photographiques itinérantes que nous prêtons gratuitement et qui expliquent la nature de notre travail et une partie de notre histoire. L’une d’elles a été réalisée avec la Société Scientifique Aranzadi et le Gouvernement Basque, et l’autre par le photographe Eloy Alonso.

 

Nous collaborons également de manière active avec des travaux photographiques en relation avec les familles et les exhumations. Certains d’entre eux ont été exposés dans de nombreux endroits, comme par exemple “Disparus” de Gervasio Sánchez.

Depuis 2000, de nombreux documentaires ont également décrit le travail de l’association. Les différentes contributions de journalistes et de documentaristes ont favorisé la diffusion de notre travail dans de nombreux domaines de la culture et du cinéma. Du format documentaire plus classique de “Los Nietos (Les Petits-enfants)” de Marie-Paule Jennehomme à d’autres plus en relation avec une vision plus innovante et moderne comme “The Wave” de Sara Vanght et Katrien Vermiere. Ou simplement le recueil de témoignages de familles et de victimes de la répression à l’aide d’une simple caméra pour préserver cette si précieuse information.

L’importante participation de volontaires de nombreux pays venant de différentes disciplines académiques a également contribué à la diffusion du travail effectué. La réalisation de thèses et de travaux consécutive à la suite de ces participations contribue à ce que les connaissances acquises, les expériences et les difficultés vécues pendant leur collaboration avec l’association parviennent à de nombreuses parties du monde. Nous avons pu compter avec la présence d’étudiants et de volontaires originaires de pays comme le Japon, les Etats-Unis, l’Australie, la Belgique, la France, la Grande Bretagne et le Canada, constituant ainsi de nouvelles et humanitaires Brigades Internationales.

 

Notre Association collabore avec d’autres organisations de prestige national telles que le Centre Supérieur de Recherches Scientifiques (CSIC) et la Société Scientifique Aranzadi, dans le but de créer le fond vidéo-graphique le plus important d’Espagne en matière de mémoire historique et d’exhumations réalisées depuis 2000.

6 REVENDICATIONS DE L’ARMH

Un décalogue pour la mémoire historique

 

1. Veiller à l’accomplissement du cadre juridique national et international pour la recherche de disparus, aussi bien de la période de la guerre civile que de la post-guerre, faisant la promotion officielle des investigations, des exhumations et des identifications en accord avec les protocoles internationaux élaborés par des archéologues et des anthropologues légistes. C’est une tâche basique que nous nous devons d’accomplir dans le champ des droits de l’homme.

 

2. La création d’une équipe d’études sur la situation de la mémoire historique de la guerre civile et de la dictature dans l’enseignement obligatoire et dans les moyens de communication pendant les périodes franquiste et démocratique. Une partie de la réflexion sur la mémoire est de comprendre le comment et le pourquoi de l’oubli.

 

3. La reconnaissance du rôle des républicains espagnols qui ont posé les premières pierres de notre démocratie quand, en novembre 1933, les premières élections au suffrage universel masculin et féminin ont été célébrées dans notre pays.

 

4. L’approbation d’un décret urgent qui régule le retrait de tous les symboles franquistes (monuments, plaques et insignes officiels, noms de rues, etc.) dans les plus brefs délais. La vigueur de ces symboles dans le contexte démocratique n’a pas cessé d’être une preuve de la capacité disciplinaire des forces conservatrices héritières du franquisme et de la faiblesse des transformations démocratiques.

 

5. La création d’un musée d’Etat de la guerre civile et de l’opposition franquiste. Une initiative de plus haut niveau politique qui impulse l’élaboration du nouveau discours officiel qui donne pour achevée l’égalisation idéologique de la transition, laquelle a comparé la résistance d’opposition au franquisme avec les réactionnaires les plus récalcitrants qui soutenaient l’ancien régime.

 

6. L’ouverture totale des archives militaires, de même que leur numérisation et mise à disposition pour les personnes intéressées à travers internet. Un droit basique d’accès de la citoyenneté à la documentation officielle, soustrait pendant de nombreuses années de démocratie, et nécessaire pour les personnes qui désirent retrouver les membres de leur famille.

 

7. L’annulation de tous les procès sommaires franquistes qui ont conduit plus de 50.000 républicains à être fusillés, une fois la guerre terminée, et qui ont été instruits par des tribunaux qui ne disposaient d’aucune légitimité. Restaurer le nom de ces citoyens et citoyennes par une reconnaissance symbolique incontournable.

 

8. La signalisation de toutes les œuvres publiques ou privées construites par des prisonniers politiques, tout comme la prévision d’indemnisations aux survivants, auxquelles devraient contribuer toutes les entreprises privées qui se sont enrichies par le travail d’une main d’oeuvre forcée. L’installation dans la nef centrale du Valle de los Caídos d’une exposition au sujet de par qui, comment et pourquoi il fut construit et qui rappelle les 12.000 prisonniers politiques qui ont été forcés d’y travailler.

 

9. La création d’une commission d’historiens sous la forme d’une commission de la vérité qui génère une grande étude de la guerre civile et de la dictature et qui soit postérieurement admise comme une version officielle des faits par le Parlement.

 

10. La réalisation d’une grande cérémonie publique de reconnaissance pour les hommes et femmes qui ont lutté pour la défense de la liberté et de la démocratie et auquel participent les hautes institutions de l’Etat.

 

 

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